Plus de 25 ans depuis l'interdiction de l'amiante : où en sommes-nous ?
L'amiante, autrefois surnommée "minéral miracle" en raison de ses propriétés isolantes et résistantes au feu, a été largement utilisé dans divers secteurs industriels et de construction. Cependant, ses effets dévastateurs sur la santé ont conduit à son interdiction en France en 1997. Plus de 25 ans après cette interdiction, il est essentiel de faire le point sur les progrès réalisés, les défis persistants et les perspectives d'avenir.
Historique de l'amiante en France
Avant 1997, l'amiante était couramment utilisé dans la construction, l'industrie automobile, les chemins de fer, et d'autres secteurs en raison de sa résistance au feu, de ses propriétés isolantes et de sa durabilité.
Petit à petit des dangers pour la santé ont été détectés. Les premières alertes concernant les dangers de l'amiante remontent aux années 1900, mais ce n'est qu'à partir des années 1970 que les preuves de sa nocivité sont devenues indéniables, avec des liens clairs établis entre l'exposition à l'amiante et des maladies graves comme l'asbestose, le mésothéliome et le cancer du poumon.
En 1997, après des années de pression de la part des associations de victimes, des scientifiques et des syndicats, la France a officiellement interdit l'utilisation de l'amiante. Cette décision a été précédée de plusieurs décrets et arrêtés visant à limiter progressivement son usage.
Entre 1 et 2 millions de personnes. C’était le nombre de travailleurs que l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) pense potentiellement exposés à l’amiante en 2007. Selon le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique établit en 2014, nous pouvons envisager d’ici 2050 entre 50 000 et 75 000 décès du cancer du poumon dus à l’amiante et entre 18 000 et 25 000 décès par mésothéliome.
Ce rapport se confirme puisqu’entre 2012 et 2018, plus de 4 500 cas de maladie liées à l’amiante ont été déclarés au niveau national. On peut ajouter également que 75% des cancers reconnus en maladies professionnelles en France sont dus à l’amiante.
Encore 20 millions de tonnes d’amiante en France !
Depuis l'interdiction, l'exposition à l'amiante a considérablement diminué. Les statistiques montrent une baisse des nouveaux cas de maladies professionnelles liées à l'amiante comme on peut le voir sur ce graphisme.
Un grand nombre de bâtiments publics et privés ont été désamiantés. Les établissements scolaires, les hôpitaux et les infrastructures critiques ont été prioritaires dans ces efforts. La Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) étudie le nombre de chantiers de
A ce jour, on estime qu’il resterait environ 20 millions de tonnes d’amiante en France, le budget pour s’en débarrasser serait de plusieurs milliards d’euros.
Focus sur les diagnostics : Le problème d’un tel sujet réside notamment dans détection de l’amiante. Les chiffres avancés sont bien souvent qu’estimatifs en l’absence de donnée précise. En effet, on estime entre 30% et 50% le nombre de bâtiments qui n’ont pas de DTA à jour. Les diagnostics sont d’ailleurs clairement pointés du doigt comme le maillon faible de la chaîne de désamiantage. Les logiciels de centralisation des DTA sont en majorité utilisés par les gestionnaires de grands parcs immobiliers qui ont des personnes dédiées à la tâche. Les plus petites entreprises sont donc souvent sous-outillés pour avoir un suivi efficace et peu couteux. Même quand ils sont présents, les DTA sont difficilement accessibles pour les artisans du BTP. Et quand on arrive malgré tout à mettre la main dessus, ils sont complexes et peu compréhensibles pour repérer les zones à risque et se protéger.
Pire encore, le DTA ne concerne que les parties communes et pas les privatives. Pour la partie privative, à l’heure actuelle, seuls les diagnostics d’avant-vente sont obligatoires. Le problème c’est qu’ils sont non-exhaustifs et non-destructifs. On ne détectera par exemple pas une colle amiante.
Le diagnostic le plus complet reste le repérage Amiante Avant-Travaux (RAT / RAAT), mais comme son nom l’indique il n’est effectué qu’en cas de travaux. Dans ce processus, des prélèvements permettent d’identifier clairement la présence d’amiante.
Les défis persistants de l'amiante en France
Nous l’avons compris, malgré les efforts de désamiantage, une quantité significative d'amiante reste présente dans les bâtiments construits avant 1997. La gestion de cette présence résiduelle est complexe. La gestion des déchets n’est pas plus simple non plus.
Le désamiantage est une opération coûteuse et techniquement complexe, nécessitant des mesures de sécurité strictes pour éviter toute contamination. Cela demande donc l’appel à un professionnel. Un défi supplémentaire : comment s’assurer que les propriétaires privés désamiantent correctement leur bien ? Certaines subventions ont donc été mise en place jusqu’à 50% d’aides pour les ménages les plus « modestes ».
Gros chantier également actuel : la gestion des déchets d'amiante doit être manipulés et stockés de manière sécurisée pour éviter toute contamination future. Certaines entreprises comme SS4-shop propose d’ailleurs d’accompagner les professionnels sur ce point : (lien produit visio désamiantage).
La liste n’est bien sûr pas exhaustive mais un dernier point ne peut pas être oublié dans les enjeux : la surveillance de la santé publique. Les maladies liées à l'amiante ont une période de latence longue, souvent plusieurs décennies. Par conséquent, de nouveaux cas continuent d'émerger. Il reste bien entendu encore beaucoup de progrès à faire dans la détection des maladies et le traitement.
Quelles sont les perspectives futures ?
L’une des clés importantes pour l’avenir reste la stratégie de prévention : les nouvelles réglementations pour minimiser les risques d'exposition résiduelle, le renforcement des normes de sécurité, les programmes de surveillance continue mais aussi tout simplement la communication auprès des usagers pour ne pas oublier que le problème est toujours d’actualité.
Bien entendu, comme pour tout problème, l’innovation technologique peut-être d’une grande aide. Pour la partie désamiantage, avec le développement de technologies plus efficaces et moins coûteuses, mais aussi dans la santé avec la recherche autour des cancers et du mésothéliome. Dans ce secteur, certaines innovations voient le jour comme les robots de désamiantage qui permettent d’assurer une meilleure sécurité aux travailleurs du bâtiment mais aussi de diminuer globalement les coûts.
Enfin, nous ne pouvons terminer cet article sans évoquer le soutien aux victimes avec des programmes d'indemnisation et de soutien psychologique pour les personnes atteintes de maladies liées à l'amiante.
Conclusion
La lutte contre l'amiante en France a permis de réaliser des progrès significatifs en termes de réduction de l'exposition et d'amélioration des soins pour les personnes affectées. Cependant, de nombreux défis restent à relever, notamment en matière de désamiantage et de gestion des déchets. Il est crucial de maintenir et d'intensifier les efforts pour protéger la santé publique et soutenir les victimes de l'amiante.